XVIIème Session – Partie 2 – Conclusion sur l’urgence de la place légitime faite à la femme dans tous les aspects de la société française

PARTIE 2 : LES DÉFIS POUR LA FRANCE DU 21ème SIÈCLE 

CONCLUSION SUR L’URGENCE DE LA PLACE LÉGITIME FAITE À LA FEMME DANS TOUS LES ASPECTS DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE 

« Jamais je n’ai compris qu’il y eut un sexe pour lequel on cherchât à atrophier l’intelligence ». Louise Michel, dans ses Mémoires, parues en 1886 avait tout résumé en une phrase. Les coutumes, les rites, les religions qui ont attribué – ou attribuent encore – un rôle prétendument supérieur à l’homme ont construit des habitudes et enraciné les préjugés. De ce fait, l’évolution des consciences se fait avec lenteur et celle des comportements plus encore.


Or c’est toute la société qui est gagnante lorsque les femmes disposent de la légitimation nécessaire pour participer pleinement à la vie économique et sociale; quand elles sont formées, émancipées, actives et autonomes; quand on leur donne la possibilité de devenir des partenaires égaux et à part entière dans la société. Pour reprendre les termes d’un célèbre discours d’Hillary Clinton prononcé à Pékin le 5 septembre 1995, lors de la quatrième Conférence mondiale sur les Femmes de l’Organisation des Nations Unies, il s’agit de leur accorder les mêmes chances de s’épanouir car « lorsque les femmes s’épanouissent, les familles s’épanouissent, les communautés et les nations font de même ».
La France a donc la responsabilité d’agir et de mener ce combat pour l’égalité vraie.
C’est d’abord là un défi politique et institutionnel. En effet, les ambitions en ce domaine doivent revêtir en premier lieu une dimension politique et traduire un volontarisme sans faille dans la définition d’un cap, de règles et d’objectifs à atteindre.
C’est également un défi pour les entreprises car de nombreux efforts restent à faire en matière d’égalité professionnelle. Alors que les femmes représentent 48 % de la population active française (32), les différences en termes de salaires, d’accès à l’emploi et de retraites apparaissent aujourd’hui encore comme un problème majeur. Certes, l’égalité professionnelle progresse – la France se positionne à la 8e place mondiale en 2017 (33) en ce domaine – mais l’égalité réelle, totale et sans équivoque n’est pas encore acquise.
Ces inégalités se traduisent d’abord par des écarts de salaires qui tardent à être remis en cause. Selon le ministère des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes (2017), les hommes gagnent en France 19,2 % de plus que leurs collègues féminines. En comparaison, en Belgique, l’écart de salaire médian est inférieur à 3 %. Ces écarts peinent à se résorber, ce qui est un sujet de préoccupation. Un rapport récent de l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), souligne à cet égard qu’ils ne se réduisent plus depuis le début des années 2000. Aux écarts de salaires s’ajoute la persistance d’un « plafond de verre »: les femmes sont toujours sous-représentées dans les postes à responsabilité, que ce soit dans le secteur privé ou public. Seulement 42 % des cadres en France sont des femmes. (34). Et la situation ne semble pas, là encore, s’être améliorée: en 10 ans, cette proportion n’a progressé que de 1 %. À l’inverse, les femmes sont surreprésentées dans les emplois les moins rémunérés: aides à domicile, aides ménagères, assistantes, secrétaires (98 %) et aides-soignantes (90 %). Une situation d’autant plus paradoxale qu’elle ne s’explique pas par le niveau de formation. Les femmes ont en effet un niveau de qualification plus élevé que les hommes: selon la Dares, on dénombre 60 % d’étudiantes en master contre 40 % d’étudiants (2013).
L’égalité entre les femmes et les hommes est enfin un défi du quotidien : chacun à son échelle, par le biais de petites attentions ou de grands gestes, par l’éducation des jeunes et moins jeunes, a un rôle à jouer pour changer durablement l’image des femmes dans nos sociétés.
Au cours des siècles, lentement, avec difficulté, les femmes ont surmonté les obstacles, religieux, culturels, juridiques, qui se dressaient sur la route de l’égalité avec les hommes. Elles ont progressivement rejeté ou ajusté des règles de vie faites par les hommes. Mais certaines barrières existent encore, certaines digues ne sont toujours pas tombées, certains obstacles freinent continuellement cet idéal d’égalité qui cherche à s’affirmer dans tous les espaces de vie des individus: espace intime, domestique, social, culturel, économique, et, bien sûr, politique.
La France peut-elle réussir à engager toute la société dans un mouvement qui permettra de changer les comportements, les habitudes, la conception d’un monde dans lequel les hommes prévaudraient sur les femmes, en vertu d’un ordre établi ainsi depuis des siècles et que rien ni personne ne pourrait renverser ?